Textes

Les textes, utilisés pour les performances et/ou les vidéos du Groupe Performatif Famapoil sont écrits par Clotilde Salmon. Ils sont ici classés par ordre alphabétique.

L’amour

Avant je comptais sur l’Amour pour me sauver du troupeau.

En tant que personne exceptionnelle, je devais trouver un Amour exceptionnel. J’attendais celui ou celle qui saurait me reconnaître dans la foule, qui verrait mon aura et la couleur particulière de mes yeux je rêvais pendant des heures en traînassant dans les galeries marchandes. Je me cachais dans les rayons, caressant du bout des doigts des paquets de céréales, des calendriers ou des couvre-lits, en pensant à toi.

J’ai attendu, attendu, changé de rayon, cherché dans les parkings…Personne n’est venu. J’ai fini par croire cette rumeur d’Orléans, assourdissante dans la cour de récréation : le Père Noël n’existe pas, c’est tes parents qui achètent les cadeaux, l’Amour Ultime est un mensonge, tu n’es l’Élue de personne, c’est la télévision qui vend des histoires pour te faire acheter un plus grand canapé et des plats préparés, pauvre crétine ! J’ai couru, en criant qu’on m’avait menti, j’ai frappé des gens qui riaient, spécialement les femmes qui se croyaient plus malines, et des enfants avec des têtes de fouines, j’ai poussé des garçons de café, craché sur leurs gueules de flics, pendant ma pause déjeuner. Après je ne sais plus, j’ai grandi, je suppose. Je suis peu à peu devenue une personne ordinaire, avec des attentes raisonnables. Je me sens apaisée.

Je refuse d’être une loque. Fini de chercher mon reflet dans les yeux d’inconnus, pour me prouver que j’existe, attendre l’amour sur un air de chaises musicales… J’étais d’accord sur tout, mais pas tout le temps, pour faire croire que j’ai une opinion… Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre ? De tes malheurs, de tes envies, de tes amis et de ta mère ? Ton plat préféré, ton animal fétiche, ton livre de chevet, ton meilleur souvenir et ta comptabilité, je leur pisse à la raie.

Je refuse de faire la queue en attendant l’amour. De me répandre dans un corps étranger, qui me notera et me demandera des comptes. De miser sur la servilité, est-ce que j’ai été assez sympa, est-ce que j’ai assez souri ? Je n’ai peut-être pas ri assez fort ? J’étais d’accord sur tout, mais pas tout le temps, pour faire croire que j’ai une opinion… Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Ma couleur préférée, mon plat favori, mon animal de compagnie, mon voyage le plus réussi, le hobby qui me définit, mon film fétiche et mes souvenirs d’enfance, je leur pisse à la raie. Je refuse d’être une loque, je veux vivre ma vie.   Tes malheurs, tes envies, tes amis et ta mère, ton plat préféré, ton animal fétiche, ton livre de chevet, ton meilleur souvenir et ta comptabilité, tu peux te les garder. Je n’ai pas besoin de tout ce fatras, je veux simplement me réaliser, accomplir quelque chose. Je n’ai même pas vraiment besoin du couple. Ce qu’il me faudrait avant tout, c’est un enfant.

Le Boss

C’est moi le boss, c’est moi le chef, c’est moi le patron.

C’est moi le boss  c’est moi le chef c’est moi le patron.
C’est pas compliqué à comprendre, ça non ? C’est moi qui peux arriver en retard au boulot et toi tu fais le café pour quand j’arrive. Mais tu peux pas savoir quand j’arrive, c’est moi le patron. T’as pas à m’appeler pour savoir quand est-ce que j’arrive pour savoir quand faire le café, parce que moi je veux du café chaud quand j’arrive, des fois avec un sucre, des fois  cinq sucres, des fois aucun : 
je suis imprévisible.
Ça c’est ton boulot, être toujours sur la brèche, à calculer, à deviner, 
quand est-ce que je vais arriver, pour faire le café au bon moment. 
Si j’ai mon café bien chaud avec le bon nombre de sucres, ça veut dire qu’on va faire du bon boulot et engranger un max de pognon. 
Mais si tu déconnes, que tu me fais perdre mon temps avec du café réchauffé et que tu me contraries en mettant pas le bon nombre de sucres, 
alors là je dis stop. 
T’es qui pour me contrarier et me faire perdre du pognon ? 
C’est qui le patron ?  
C’est moi. 
Une fois que t’as compris ça, t’as tout compris, et crois-moi : 
t’iras loin dans la vie

le CDI

On me dit souvent que j’en fais trop, je ne suis pas d’accord.

J’ai pas envie de perdre ma place, me retrouver au chômage, inutile et vaine, sans but. Je me bats, jusqu’au bout. Le CDI c’est du flan, du blabla pour endormir les ballots ! On peut toujours trouver un moyen pour se débarrasser de quelqu’un. Alors moi, j’éradique la concurrence. Avec mes petits moyens, un stylo, une feuille : hop, une lettre anonyme ! Je prends des cours d’informatique pour effacer les dossiers de mes collègues, l’air de rien. C’est ça mon arme secrète, j’ai l’air de rien, personne me remarque, mais moi,je note tout. Personne se méfie, je fais toujours ce qu’on me demande, avec un petit plus … Je fais moi-même le ménage dans mon bureau, une fois j’ai réparé l’ascenseur. Je dis toujours que ce n’est rien, que j’aime me rendre utile, mais je me rends indispensable. Je contrôle tout. Le moment venu je serai capable de faire virer n’importe qui pour garder ma place. Parce que dehors c’est la jungle, une fois qu’on sort du Monde du Travail, c’est la descente aux enfers, inéluctable, on perd ses dents, on perd ses cheveux, on perd son logement, on vous prend votre chien.Petit à petit votre visage s’efface et vous finissez par ressembler à un œuf.N’importe qui peut venir vous casser pour faire une omelette ! Alors très franchement, je préfère que ça arrive à quelqu’un d’autre.

Danse ma vie /performance, vidéo

Je danse ma vie, je danse mon corps encore et encore.

Je danse ma vie, je danse mon corps, chaque jour un peu plus fort.C’est un poème que j’ai écrit sur ma passion pour la danse. Je danse depuis que je suis né, dans le ventre de ma mère j’étais déjà une étoile. Il virevolte. C’est une évidence, je suis fait pour ça (pas de bourret) je suis gracieux, souple et je parle avec mon corps.

Quand je danse, c’est mon corps qui brise les barrières, qui hurle les tabous, c’est pour ça que je ne peux l’enfermer dans une prison de vêtements, ce serait odieux ! Malheureusement les esprits sont étroits tous les chorégraphes que j’ai rencontrés m’ont claqué la porte au nez en me traitant de nudiste. Qu’à cela ne tienne, je danse envers et contre tout et en toute saison.Contre la cellulite du mois de juin et celle de mars, Je danse

Contre l’indifférence Je danse

Contre la finance Je danse

Contre la malchance Je danse

Contre le tour de France Je danse

Contre la danse Je danse

Je revendique mon droit à la différence, pour l’instant je suis seul, mais  demain Qui sait ? Nous  serons peut-être… Trois ? Ou quatre ?! Tous différents, mais Tous pareils ! Tous différents, mais Tous pareils ! Tous différents, mais Tous pareils !

Déshabillez-vous !

Libérez-vous !

Une Femme en colère /vidéo

Sous ma carapace, derrière mes airs d’ourse mal léchée, je suis une fleur des champs.

Fragile et gracile, oscillant au gré du vent… Je suis un monstre de sensibilité. Les gens s’en foutent, ils me voient forte, indestructible, ça les arrange…  Ils me bousculent, me piétinent, je ne sens rien, pourquoi s’en priver ? Eh bien ça va changer. La fleur des champs a la parole et elle en a marre, marre de rester digne,  marre de la pudeur des sentiments,  elle en a plein le cul la fleur ! Moi aussi je veux exister, me rouler par terre dès que j’en ai envie, être enfin moi-même : une petite boule de morve et d’agressivité ! C’est mon droit! J’ai mal. Ha! Comme j’ai mal… Comme je souffre ! Pourquoi ? Pourquoi j’ai si mal ? Là ! Et là ! Partout! Moi qui ai-t-horreur de souffrir… Et qui ai si mal ! Ha! Comme c’est injuste‚ comme c’est dégueulasse ! Je vais pas me laisser faire bande d’enculés ! Mollards‚ connasse ! Je vais te faire bouffer ta merde ! Sale pute, j’vais t’éclater la gueule à coups de marteau! Seulement voilà, je suis spéciale, un peu à part‚ un peu moins con que la moyenne, peut-être. Et alors ? Ça aussi ça peut changer, tout le monde y arrive, pourquoi pas moi ? Etre un peu plus con, c’est pas la mer à boire ! Il suffit de se bouger le cul. Faire un stage, un apprentissage, une formation, rencontrer des cons et leur parler. Devenir comme eux, mais en mieux, encore plus con. Je ne supporte pas la médiocrité.

La Juste Violence, vidéo, performance 1, performance 2

Je ne supporte ni la violence ni l’injustice. Quoi de plus révoltant, immonde, dégoûtant, que de s’en prendre à un plus faible ?

À une femme par exemple. Ça me rend malade. Quand j’y pense, je trouve ça insupportable. Il faudrait faire quelque chose. D’utile, de fort, de clair. Droit au but.On pourrait arracher des couilles à mains nues, ou les trancher avec une fourchette rouillée (leur propriétaire serait alors dans un premier temps immobilisé) ou crever des yeux, trancher des mains, qu’il n’y ait pas à tortiller. IL FAUT QUE LE MESSAGE SOIT CLAIR. Libérons la Parole ! Pour qu’une fois pour toute, cesse la barbarie. Quand on est un être sensible, comme moi, on ne peut pas rester les bras croisés. L’intelligence du cœur commande à celle de la main (fait le geste de poignarder quelqu’un), c’est la marche naturelle des choses ! Que ceux qui ont encore une conscience dans ce pays, me rejoignent. Ensemble, nous quadrillerons la cité, de jour comme de nuit, armés de Justice et de bâtons cloutés. Pour détruire la violence, par la violence. La violence, oui, mais la Juste Violence. 

Manifeste poétique d’adieu au boomer/performance

Vous nous avez tant aimées ou détestées ou méprisées ou désirées, en secret peut-être vous êtes vous masturbé.e.s en pensant à nous, à ce qu’il pouvait bien y avoir en dessous, de nos costumes, sous ma bite, derrière tes seins, entre tes mains, entre ta femme, habillée, alors tu dis par précaution ça me gratte vachement tu veux bien regarder c’est peut-être une infection…

Ça tombe bien ta femme est pharmacienne, elle ne voit rien, peut-être le stress, un peu d’eczéma, c’est vilain mais pas méchant, ta bite à la main ça la fait rire, toi tu repenses à nous et tu bandes un peu, ça lui fait plaisir, vous retrouvez votre intimité, presque enterrée grâce à nous malgré tout. Pourtant rien, pas un like pas un partage, même avec ton compte sous-marin, celui avec lequel tu t’abonnes et te désabonnes compulsivement, c’est un amour honteux que tu nous voues, depuis des années maintenant.

Mais ne t’inquiète pas, pauvre boomer, c’est bien normal, une femme à poil, c’est fait pour ça, c’est un objet, elle a beau dire le contraire sur tous les tons de toutes les manières, tatata quand on s’appelle comme ça c’est qu’on aime ça la bite à papa pas la peine de vous faire un dessin je dis ça je dis rien.

Je ne commente pas j’ai peur de passer pour un con, on dirait des femelles intellectuelles qui n’en n’ont rien à branler de se faire sauter, par moi en tout cas et j’ai demandé mon pote aussi s’est fait recaler. On comprend rien.Quand on écrit de la poésie on s’appelle Transhumance, quand on fait de la performance on s’appelle Le point le V, tout le monde sait ça, si c’était vraiment sérieux, non mais si c’est vraiment sérieux, c’est quand même grave parce que la femme à poil on n’y touche pas, elle est à nous et elle parle pas. À la rigueur elle sourit dans le clair-obscur, elle se fait enlever par ci par là dans plein de tableaux ou elle dort, ou elle prie, la bouche ouverte ou elle porte un enfant dans ses bras, parfois elle caresse un chat, mais là ça veut dire quoi ? Des femmes habillées en femmes à poil, puis des hommes aussi habillés en femme à poil et puis des femmes habillées en femme à poil mais avec une bite et des hommes habillés en femme à poil mais avec une bite wow ! Ça va bien 5 minutes ! Et maintenant quoi ? Une bite sur l’épaule un sein sur la cuisse une vulve en part de pizza ça ne nous regarde pas ce qu’il se passe dans votre tête, laissez nos enfants tranquilles ! Rendez-nous Catherine Lara ! Qu’on en finisse, Nostalgie, viens nous chercher, emporte-nous au pays rêvé de la Playmate et de Mamie Nova, des nichons, de la mousse au chocolat et des bermudas, c’est ça qu’on veut ! Le reste, cette espèce de manège qui s’agite et qu’on appelle le monde, la marche des choses, l’évolution de la société, ça ne nous concerne pas. On n’a pas fait tout ça pour RIEN on n’a pas voté Bois Bandé toute notre vie pour des clous !

N’aie pas peur Boomer, le collectif Famapoil c’est bien fini, ne crains rien, le Groupe Performatif Famapoil s’arrête aussi. Tu peux dormir sur tes deux oreilles, Durcir_93, Lololilassmack, Transhumance#officiel et Lepointlev dépassent les mille abonnés, maximum respect. Adieu Famapoil, ta famille, tes amis, tes collègues, tous ceux qui t’ont connue et appréciée… Tout le monde est là. Nous sommes tous, toutes là, pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage. Nous allons maintenant nous rendre sur ton compte Instagram (ta page fb) et nous abonner. Nous allons tout liker en souvenir de toi et partager ces souvenirs. Si forts. Si beaux. Ensemble.

À présent que tu es morte nous pouvons t’aimer tranquille, merci d’avoir fait cet effort. Il vous faudra certainement très longtemps avant de réaliser que nous sommes parties, que nous n’aurons plus nos discussions interminables, nos petites chamailleries, que nous n’irons plus ensemble faire du canoë. Il vous faudra certainement très longtemps… Toute la vie même. On ne vous oubliera jamais.

La Maternité, (C)rêve !

Oui, oh ! La maternité on en fait tout un fromage, pas de quoi fouetter un chat !

Donner la vie, donner la vie, donner, toujours donner, bonjour l’arnaque ! Soupir. Mon fils, par exemple, je ne le trouve pas très intéressant. Il a beau être mon fils, j’ai tout de même mon objectivité. Qu’est-ce qu’il a d’extraordinaire, à part mes yeux ? Rien, il est assez quelconque, ne serait-ce que dans son caractère, il est ponctuel, ordonné, poli, fiable…Sans surprise, quoi. Comme son père, finalement.Il est comme ça, c’est la vie, tout le monde ne peut pas être un aventurier… Mais bon sang, quel gâchis ! J’en aurais fait des choses, moi, si j’avais eu un pénis ! J’aurais bourlingué avec le fric de ma mère, fait des hold-up, engrossé des indigènes un peu partout sur la planète… J’aurais arrosé le Monde de ma testostérone, soumettant les plus faibles, défiant les plus forts, puis j’aurais eu un dernier enfant, vers soixante ans, avec une jeunesse fortunée (l’ex-femme d’un de mes fils) ou bien, je serais mort en duel…Mon fils, il n’a pas l’esprit d’entreprise, je crois qu’il n’arrivera jamais à rien, il restera avocat toute sa vie.  Moi, je voulais qu’il soit maçon, ou danseur étoile,à la limite cosmonaute, mais il ne m’écoute jamais. Il me prend pour une idiote. Rira bien qui rira le dernier, va ! De toute façon, je voulais une fille. Pour lui mettre des barrettes.

Mon Grand Projet, vidéo

J’ai un grand projet. En trois étapes : fabrication, gestation, expulsion !

Je veux un bébé maintenant ! Il faut que je recrute la meilleure des coaches, je ne peux pas faire ça toute seule, c’est bien trop risqué… Elle me guidera sur le chemin de la Vie, nous sauterons ensemble ses embûches, main dans la main…

Matricia, un sandwich à la main la bouche pleine. : Ça n’a pas marché avec la position de l’étoile de mer ? Dégagez la voie vers la Victoire, changez votre mental ! Plus vous monterez au créneau, plus vous aurez de chance de décrocher la timbale, à votre âge, il suffit plus d’ouvrir les cuisses ! Variez les positions, investissez dans des stimulateurs, repoussez vos limites ! Elle hurle, crachant des bouts d’aliments : Quand on veut réussir, on s’en donne les moyens ! Elle disparaît.

Bien parlé ! Je vais mettre les bouchées doubles, peut-être les rapports n’étaient-ils pas assez profonds ou agressifs ? Je repars au combat ! Je vais devoir trouver un associé… un homme, quoi. On boit un verre, et hop ! Au boulot. Elle se trémousse. Moi je suis toujours sur la brèche quand il s’agit de bosser. J’ai hâte ! Je suis prête, archi-prête. J’ai déjà toutes les fournitures ; il ne me manque plus qu’une taille et un poids pour envoyer les faireparts. J’ai choisi les prénoms en 1995 : Anathée si c’est une fille, Proclandre si c’est un garçon. Désormais je ne serai plus jamais seule. Je pourrai enfin adhérer au Club des Mères et j’existerai à ma juste mesure. On ne dira plus : « Tiens, comment va Machine ? » Mais : « J’ai déjeuné avec la maman d’Anathée (ou de Proclandre), quelle femme délicieuse et quelle mère formidable ! » Elle essuie une larme d’émotion. Quelle joie ! Je suis si heureuse ! Elle s’enfuit.

Mourir aux sports d’hiver, vidéo

Je suis une star internationale.

Je suis une star… Internationale… Une star… Une star internationale… L’amour… Je l’ai connu tant de fois à l’écran. « Vous m’aimez, n’est-ce pas Jason ? C’est pour cela que vous partez à la guerre… Qui prendra soin du jardin à présent ?» An English garden,1953. J’étais Dorothy, la petite bonne passionnée atteinte du choléra. Puis je suis Fanny, dans Lèpre et cotillons, entraîneuse dans un bar durant l’inquisition. Bien que lépreuse, je me donne à fond à mon travail et j’épouse le gouverneur. J’étais émue en permanence, je le suis toujours d’ailleurs. Mais aujourd’hui… aujourd’hui je suis fatiguée… fatiguée… Devenir une icône, devenir Ophélie dans Ophélie déménage, changer sans cesse de domicile, parcourir la France… Portant mes cartons, épluchant les annonces… montant les escaliers, sans cesse et sans repos… Tout cela m’a épuisée. Je pensais me reposer dans la peau de Babette, l’héroïne de Sombre fourrure, universitaire Suisse à la retraite je découvre que je ne suis pas frigide mais simplement zoophile… S’ensuit une quête existentielle doublée d’une passion charnelle avec un chat persan… C’était profond et intense…

Mais quelque chose s’est brisé, je n’y crois plus… Je sens qu’il ne me reste qu’un an…ou deux… à vivre… Peut-être trois… ou dix… peu importe.
J’ai toujours rêvé de mourir aux sports d’hiver… M’étendre dans la neige… Sur une piste… Les skieurs frôlant mon visage…

À toute vitesse… Zip…Ziip… Zip… zip…zip…J’attends ma Destinée, le dernier trou, la dernière prise, à Tignes ou à Courchevel, un châlet confortable, une raclette… peut-être… Pour mourir comme j’ai toujours vécu… en beauté.

Parler d’Art /performance, (C)rêve !

J’ai la chatte extrêmement douce aujourd’hui, dommage que personne n’en profite.

Mais ça n’a aucune importance car j’adore échanger. J’adore enrichir les autres intellectuellement, c’est ma passion. De fait, je donne  mon avis, à tout le monde, tout le temps, parce que je suis une personne dynamique et ouverte d’esprit. La preuve : j’ai un avis sur tout, c’est fou! Mais au fond c’est normal, je suis très cultivée. En Art, notamment, je suis hyper calée. Saviez-vous que Rom Lichtenstaël, le peintre, était du même signe que Debusso, le compositeur ? Mais ils ne se connaissaient pas, car ils n’habitaient pas la même ville, et pourtant, détail troublant, ils avaient la même femme de ménage.

L’Art, L’Art, l’Art, ça me transcende, je suis tellement sensible… Hyper… Une oeuvre, un auteur, une auteure, une autrice, un artiste, une artiste, je commence d’abord par le renifler, je suis dans une réaction très animale, sensuelle, proche de la chair. J’entre dans le temple du symbole, la matrice humide de la création, je caresse, je m’imprègne, j’étreins.

Je suis certainement artiste moi-même car je crée sans cesse : des ambiances… Des saveurs étonnantes…

Je détourne le quotidien

Je détourne le quotidien  ça s’appelle : Espérances.

Ma relation à l’Art ? Ma relation à l’Art m’épanouit énormément.

On est si beaux / (C)rêve !

On est si beaux
Tout est si bien
On se tient tous par la main
Pourtant
No touching
Éphémères mais tellement présents, on est là… Tout au bord de quelque chose de délicieux
On est si beaux
Tout va si bien
Est-ce une remise au Monde ?
Nous étions-nous perdus/retirés/confisqués ?
Bien loin de l’élastique du Destin et de sa ceinture de feu…
On est si beaux
Tout nous transperce
Avec volupté́ en avaler des kilomètres
Mais on reste immobiles l’estomac vide
Tout est si bien comme ça
On est si bons pour nous-mêmes
Si justes
Pétrifiés de bonheur
Tout est blanc, presque aveuglant
Est-ce la plage ?
Paradis slash Communautaire slash Ultime                                                                         
Sommes-nous amants tantriques ? Fratrie périphérique ? Qui s’en soucie ? Personne.
Un même élan nous mélange
Nous sommes un peuple, une forme, inconnue et verticale.
Une alchimie étrange
Coule/monte/brûle
Débandade à l’horizon
Des globules, des vaisseaux … Des cellules ? Ça fout le camp.
Panique en suspens
On est une équipe, merde, même plus qu’une équipe, un tout
Résonne
Des collègues de bureau
Murmure
Des acolytes de passage
Des mains s’écartent
Des genoux filent
Des apnées se créent
Quelqu’un essaie de se laver les mains.
Est-ce qu’on va sauter ? Est-ce qu’on va y aller ? Le grand saut
Est-ce qu’on va se mouiller pour nos idées ? L’ouvrir bien grande et se mettre à voler ?    Est-ce qu’on va ? Le moral au bord des lèvres
Un cri mou

Je tombe.

Pour sauver les artistes /performance, (C)rêve!

Une fois encore, Manita Cassou-Bourgoin, femme artiste sans appui notoire, se retrouve soumise au bon vouloir nébuleux d’un pater noster aigri de l’art contemporain.

Quoi de plus destructeur pour cet être sensible par excellence ? La vieille baderne la harponne pour mieux la rejeter, mettant en cause sa pertinence et son talent. Manita est brisée. Elle pense d’abord, dans un sursaut, à poignarder son agresseur, puis retourner l’arme contre elle-même. Finalement elle range son couteau à poisson et entre en dépression.

L’histoire de Manita est malheureusement assez banale. L’histoire de Manita est le lot de nombreux artistes. Humiliés au quotidien, ils ne peuvent retourner la violence subie que contre eux-mêmes, certains ne s’en relèvent jamais. Combien ont sombré dans l’alcool, la dépression ? Combien sont devenus fonctionnaires ou manœuvres, persuadé·es que leur art ne valait rien, avant de sombrer à leur tour dans l’alcool et la dépression ? Quel gâchis…

Tout ça à cause d’un petit décideur. Plus il sera insignifiant sur l’échelle à 6 barreaux de l’art contemporain, plus il usera de son pouvoir décisionnaire à tout bout de champ pour plier, recroqueviller dans ce costume figé de la servilité, les artistes qui viendront le solliciter, annihilant ainsi tout élan créateur. En bref, il n’hésite pas à briser des vies pour jouir de son pouvoir mesquin.

Ce pouvoir pourrait retourner d’où il vient, c’est à dire dans les limbes d’un esprit pourri à l’ego mariné dans l’aigreur. Il suffit que plus une, plus un artiste digne de respect pour eux-mêmes et leur foi professionnelle, réagissent.

Non ! Au patriarcat ! Non ! À la servilité !

Je m’adresse à Monsieur le Ministre de la culture et Madame la Ministre de la Santé et de la solidarité : ouvrez une cellule de crise ! Que toutes celles et ceux, artistes floué·es par un décisionnaire orgueilleux, une décisionnaire méprisante ou quelque intermédiaire prétentieux·se, s’estimant garant du bon goût collectif, les dénonce !

Un refus n’est peut-être pas un « échec » mais un abus de pouvoir. N’ayez plus honte ! Non ! À la reconnaissance obligatoire ! Non ! À la réussite hors-sol ! Artistes dits « mineur·es », si vous estimez en votre âme et conscience qu’un curateur, directrice de médiathèque, adjoint à la culture municipal, subalterne d’un centre d’art, responsable de MJC, ont refusé votre candidature simplement pour asseoir leur pouvoir ou parce qu’ils vous jugent « invisibles », dénoncez les abus, ne rampez plus !

Non ! À la Soif de Domination !

Comme le disait si justement la plasticienne Charmaine Poinseau : « C’est en nous mobilisant individuellement, en totale lucidité, que nous inverserons peut-être la courbe, que petit à petit, en ayant le courage de ne pas nous soumettre à ce rapport de pouvoir mortifère, que nous existerons par et pour notre art, en pleine lumière. »

La Sérénité /performance

Je voudrais rencontrer un homme, un vrai.

Quelqu’un de confiance sur qui m’appuyer. Il me dirait tout ce que je dois faire. Par exemple, comment m’habiller. C’est vrai, je ne sais jamais s’il fait froid ou s’il fait chaud dehors, du coup je ne sors pas. Un homme, lui il saurait, parce qu’il regarde la météo, moi je n’y comprends rien. Il me dirait si je dois mettre une écharpe ou rester à la maison, si c’est plus prudent. Il me dirait aussi pour qui voter, enfin je ferais comme lui, tout simplement. C’est vrai, c’est compliqué, ça aussi. Je lui donnerais tout mon argent pour qu’il m’aide à le dépenser correctement, parce que moi, je ne sais jamais si je dois acheter des pâtes ou une maison en Corse, on n’apprend pas ça à l’école… Lui il aurait fait une école spéciale ou il aurait lu des livres spécialisés sur la question, il sentirait ces choses-là : quand acheter ? En été ? En hiver ? Le matin ou l’après-midi ? Toutes ces questions qui tournent dans ma tête, comme un manège maléfique, ça finit par me rendre chêvre ! (elle bêle) Bêêêêê… Ou mêêêêê ? Ça non plus je ne le sais pas. J’ai vraiment besoin d’un homme. Je suis prête à payer pour ça. Devenir sereine, c’est tout ce qui compte.